Emploi des salariés handicapés : un contexte favorable en France ?

C’est un fait : le secteur du recrutement est tendu en France. Malgré ce contexte, les entreprises, à fortiori les grandes, semblent plus à même d’accueillir des personnes en situation de handicap. Une avancée notable, qui reste toutefois ralentie par les stéréotypes persistant sur cette partie de la population, selon le 5ème baromètre Agefiph-Ifop emploi.62% des entreprises se disent aujourd’hui enclines à recruter davantage de personnes touchées par un handicap. Une statistique qui évolue selon la taille de la structure, atteignant 92% dans celles de 20 salariés et plus. Des données « encourageantes » inscrites dans le nouveau baromètre Agefiph – Ifop (décembre 2022) sur la perception de l’emploi des personnes en situation de handicap

Réalisée auprès d’un échantillon de 10 000 personnes, la 5ème édition du baromètre souligne « une nette amélioration », dans la lignée des deux dernières études. « La période actuelle, marquée par des tensions en matière de recrutement, invite à un rééquilibrage de la relation entre demandeurs d’emploi et employeurs », indiquent les auteurs.

A lire en complément : Quels sont les limites de l’externalisation des ressources humaines ?

Ces six derniers mois, 77% des recruteurs ont ainsi ressenti des difficultés pour embaucher. Une impasse qui pousse deux tiers d’entre eux à « s’ouvrir à de nouveaux profils ». Au-delà du contexte, 64% des employeurs perçoivent aujourd’hui les personnes en situation de handicap comme une « manière de stimuler la performance et l’innovation au sein des équipes » (contre 58% en 2021).

Ce désir d’insertion professionnelle est particulièrement marqué dans les grandes entreprises, avec 97% des entreprises de 250 salariés et plus prônant l’embauche des travailleurs en situation de handicap.

A lire également : Que faut-il savoir sur la prévoyance intérimaire ?

On peut par exemple citer le groupe La Poste, qui mène depuis de nombreuses années une action constante pour permettre aux personnes handicapées de travailler en France. Si bien qu’il est aujourd’hui le premier employeur de cette catégorie de la population, avec 14 000 postiers (8,66% de taux d’emploi).

L’entreprise à mission a voulu confirmer, le 6 janvier dernier, sa mobilisation pour la bonne intégration, le maintien dans emploi et le parcours professionnels de ses postiers handicapés, en signant, aux côtés des organisations syndicales, son huitième accord social pour la période 2023-2025.

De cet accord découle plusieurs mesures phares, comme, entre autres, le recrutement de près de 400 personnes en situation de handicap, la mise à jour d’offres d’emploi handi-accueillantes ou encore l’accueil des personnels en ESAT (Etablissement et service d’aide par le travail) hors les murs et en entreprise adaptée.

Les actifs handicapés arrivant dans un établissement sont également intégrés grâce à une formation obligatoire pour le manager de leur service et un plan d’accueil personnalisé à leur arrivée. Les postiers souffrant d’une maladie chronique, de troubles psychiques ou autistiques sont aussi accompagnés au quotidien. Enfin, La Poste poursuit ses actions de sensibilisation auprès de ses équipes pour lutter contre les stigmatisations liées au handicap.

L’engagement des grands acteurs économiques pour déconstruire les stéréotypes est utile puisque l’embauche des personnes en situation de handicap reste majoritairement perçue comme « difficile » par 71% du grand public et 67% des recruteurs, selon l’Agefiph-Ifop.

Les premiers mots qui viennent à l’esprit des personnes sondées pour le baromètre reflètent en effet une vision stéréotypée et médicale du handicap : « maladie », « difficulté », « exclusion », « fauteuil roulant »…. Pourtant, 55% des salariés ayant au moins un collègue concerné par le handicap ont changé de manière positive leur regard sur le handicap.

Pour 79% des interrogés, exercer aux côtés d’une personne handicapée apporte une certaine « solidarité » entre les collaborateurs, et est l’occasion de mettre en place de nouvelles manières de faire. D’où l’importance de faire collaborer tous les Français pour briser les codes et ne plus considérer le handicap comme un frein professionnel.

ARTICLES LIÉS